En 2004 j’ai commencé un cours en phytothérapie. Phyto quoi ? Thérapie. La phytothérapie c’est comme la médecine, mais au lieu de prescrire des médicaments, les phytothérapeutes prescrivent des plantes. Des teintures de pissenlit pour le foie, des onguents de plantain pour les bobos, des infusions de lavande et de camomille pour calmer les esprits agités et j’en passe. J’ai adoré ce cours. J’en mangeais. Les plantes pour moi c’est tellement une passion. Depuis ce jour, je me soigne et je soigne mes enfants uniquement avec des plantes (ou presque).
Le coup de foudre
Durant ce cours nous avons eu droit à plusieurs ateliers sur différents sujets. Un de ceux-ci fut la création d’un baume et d’une crème hydratante. Boum. C’est là, exactement à ce moment que j’ai eu le coup de foudre pour la fabrication de produits de soins corporels. C’était à la fois si simple et si complexe. Je comprenais bien le principe, le côté scientifique de la chose et de savoir que je pouvais mélanger toutes sortes de plantes différentes pouvait avoir des effets différents, je me disais : Sky is the limit ! Et c’est absolument fascinant.
Nos chemins de vie
Parfois on ne choisit pas toujours le chemin qu’on aurait voulu emprunter. Durant cette formation, j’ai appris que j’attendais un magnifique petit bébé tout rose. À cette époque, nous n’avions pas de logement convenable pour accueillir un bébé, alors nous avons dû déménager et la vie nous a apporté loin de l’endroit où se donnaient mes cours de phytothérapie. Bébé passant en premier, j’ai dû quitter le cours que j’aimais tant pour aller construire mon nid.
Dans cette nouvelle ville (et nouvelle région loin des miens) j’ai rencontré une femme formidable qui, tient dont, fabriquaient des produits de soins corporels. Elle était également accompagnante à la naissance et elle m’a accompagné tout le reste de la grossesse. C’était exactement ce que je voulais faire. Je me disais que quand mon fils serait un peu plus vieux, je serais également accompagnante à la naissance (car c’est un domaine que j’adore – créer de la vie, c'est pas rien!) et en plus, fabriquer des produits corporels. Le mix parfait, la vie rêvée.
La vie m’a amené ailleurs et m’a apporté d’autres beaux bébés tout roses. Je n’ai pas pu faire le métier d’accompagnante à la naissance et encore moins la création de produits de soins corporels. Lancer son entreprise ça demande beaucoup de temps et un peu d’argent. Avec 3 enfants en bas âges, j’ai dû aller travailler dans quelque chose de moins « le fun », mais de plus payant.
Pu capable
Le métier que j’ai choisi de faire n’était pas mon métier de rêve, mais il servait à mettre du pain sur la table et à donner un toit à mes enfants. Pendant toutes ces années, je n’ai jamais éliminé de ma tête l’idée de faire des produits de soins corporels. J’en fessais à l’occasion pour ma famille et moi. Puis, plus le temps passait, plus je me mettais à détester mon métier. Je rentrais de reculons le matin et j’attendais impatiemment le vendredi soir. Je redoutais les lundis et les grosses périodes. Je n’étais simplement plus heureuse dans mon métier. Je me disais : pourquoi je me force à faire un travail qui me rend malheureuse ? Et j’ai pris la décision de tout lâcher. Bye bye boss, je prends mes affaires et je rentre à ma maison. Advienne que pourra. Du « guts », j’en ai eu. De la peur également. Tout lâcher et foncer droit sur un rêve, c'est pas petit. Je me suis lancée dans le vide ne sachant même pas si j’y arriverais.
Et maintenant ?
Au moment où j’écris ces lignes, Crème et vous à 3 ans et demi. Fondé en septembre 2018. Est-ce que je regrette ? Jamais, au grand jamais. J’ai eu des moments plus difficiles, c’est bien certain, il a même fallu que je me trouve un autre emploi pendant quelque temps, car je ne pouvais pas vivre de ma passion, mais maintenant je travaille à temps plein et même plus que plein sur mon entreprise et j’en suis vraiment fière. J’ai réussi à réaliser un rêve. Pour le moment, je « survie », ce n’est pas vraiment rentable, mais chaque matin que je me lève j’ai le sourire aux lèvres et le bonheur dans le cœur. Je continue de semer des petites graines qui feront en sorte qu’un jour, je pourrai léguer cette entreprise à mes enfants. S’ils la veulent, bien sûr, car mes passions à moi sont les plantes, la nature, l’environnement et la protection de celle-ci, mais pour mes enfants, qu’est-ce que ce sera ?